Pourriez-vous vous présenter et nous expliquer l’origine de votre engagement dans les questions d'exercice coordonné ?
Je suis David Guillet, infirmier libéral et actuel président de la Fédération des CPTS. Mon engagement pour ces sujets d'exercice coordonné est né de la situation particulière du territoire. Nous avons été confrontés de plein fouet à des départs massifs de médecins, ce qui a eu un fort impact, notamment dans la région de Maillane et du Sud-Ouest, autour de 2008-2009. Malgré nous, nous avons ainsi été parmi les premiers à expérimenter des formes d'organisation coordonnée. Nous avons alors créé une association appelée l'Association des Professionnels de Santé de Loudun, destinée à sensibiliser les élus et à discuter de l'organisation des soins.
Comment votre parcours syndical vous a-t-il amené à vous impliquer dans la fédération des CPTS ?
Mon parcours syndical est assez classique. J'ai d'abord adhéré à un syndicat lors de mon installation en libéral en 2005, puis je suis devenu représentant aux URPS des infirmiers en Pays de la Loire. Ensuite, en tant que vice-président national du Sniil, nous avons réfléchi avec Claude Leicher, président de MG France, à une structure fédératrice pour soutenir le développement des CPTS. C’est ainsi qu’est née la FCPTS, en 2014-2015, avec des rapports sur l’exercice coordonné. Aujourd'hui, la FCPTS regroupe plus de 400 adhérents.
Pouvez-vous nous présenter le rôle de la FCPTS en quelques mots ?
La FCPTS a pour objectif de fédérer les CPTS en créant une structure collégiale nationale. L'idée est de faire remonter les réalités du terrain pour informer les institutions. Notre rôle consiste également à acculturer les professionnels à ce modèle en proposant des ressources, notamment une cartographie nationale où les adhérents peuvent partager leurs projets de santé et leurs expériences.
Comment la FCPTS soutient-elle concrètement les CPTS ?
Nous proposons aux CPTS un accompagnement lors de leurs premières années, avec une adhésion facilitée pour les nouveaux membres. Cela leur permet de bénéficier de ressources et d’informations. Nous avons également mis en place un collège national des coordinateurs et des groupes de travail régionaux pour partager des connaissances sur les aspects RH, gestion de projet, rémunération, etc. Nous travaillons aussi sur la création d’une offre de service plus structurée pour répondre aux besoins croissants.
Comment les CPTS perçoivent-elles leur rôle dans la résolution des déserts médicaux ?
Les CPTS permettent aux professionnels de santé de se coordonner et d'organiser les soins sur le territoire. Cela passe par une réponse aux besoins en soins non programmés, aux parcours de santé et aux actions de prévention. Une mission de gestion de crise sanitaire a aussi été ajoutée après 2020, car les CPTS ont été très impliquées dans les centres de vaccination. Cela montre leur capacité à répondre rapidement aux besoins locaux.
Pensez-vous que les CPTS permettent de repositionner les professionnels de santé de manière équitable ?
Oui, c’est la première fois qu'une fédération interprofessionnelle est pilotée par une profession non médicale. L'objectif est d'apporter la meilleure réponse possible aux besoins de santé, sans que le médecin soit forcément au centre de tout. De nombreux professionnels, notamment les pharmaciens et les kinésithérapeutes, jouent un rôle clé dans les CPTS, surtout dans les zones à faible densité médicale. Cette transversalité est indispensable pour que chaque professionnel soit valorisé dans ses compétences spécifiques.
Quels sont les objectifs de la FCPTS pour les prochaines années ?
Nous voulons continuer à consolider les CPTS existantes plutôt que de chercher à tout prix à augmenter leur nombre. L’idée est de renforcer les CPTS pour qu'elles apportent une véritable valeur ajoutée, sans leur imposer trop de missions supplémentaires. Nous sommes également attentifs aux besoins des professionnels moins visibles, comme les pédicures-podologues, qui seront notamment à l’honneur lors de notre congrès de 2025, qui se déroulera à Montpellier, début novembre.
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